Monday, April 20, 2015

MINES 
“Le nouvel Impératif Stratégique Global”






“La France peut redevenir un pays où l’on exploite des mines” (Arnaud Montebourg, 2013)
“L’intelligence dont nous sommes si fiers n’est pas un attribut favorable pour l’évolution darwinienne” (Geof Marcy, professeur d’astronomie, Université de Californie, Berkeley)


Du cuivre, du tungstene, de l’antimoine, du nickel... de l’or ! Il en reste encore, mélangés à la roche, en particulier sous la France.. Il y a même des « terres Rares » ces métaux exotiques, objet du nouvel Enjeu Strategique Global qui déplace aujourd’hui le pétrole. Ces métaux sont très dangereux à extraire mais vital pour l’electronique, les portables, les ordinateurs, l’armements, ou pour les trilliards de dollars de la bulle «Dotcom ». La Chine en a pour l’instant le quasi- monopole. Time magazine qualifie « d’incroyable » la pollution toxique qui en résulte, par exemple dans la région de Baotou, en Mongolie Intérieure, avec entre autre une recrudescence de cancers sans précédent.
Publicité Internet Avril 2015!

La nouvelle frénésie minière a gagné le Monde : arracher chacun sa part de ce qui reste, énergie et matieres premieres, « non renouvelables ». Comme il n’y a plus de vrais gisements à découvrir, on fracture, on « Fragmente » : on force les miettes, dilués dans d’énorme quantités de roches broyées en boues, toujours toxiques.
En France, une douzaine de « cibles » font déja l’objet de demandes de Permis Exclusifs de Recherches Minieres, ou PERM. Quatre sont deja signés, dans le grand Ouest et le Limousin.





« MAITRES ET POSSESSEURS DE LA NATURE » (Descartes)


Nous l’avons traquée jusque dans ses derniers retranchements. Il n’y a plus
d’ailleurs.
Le Progres exige l’assaut final, sur tous les continents, au fond des mers. Dans un siècle ou deux, il ne restera rien.

En un éclair, à l’échelle géologique.

La “Machine” globale est toute puissante, omniprésente. Mais elle repose sur un capital naturel non renouvelable, une créance que nos enfants ne pourront honnorer. C’est la “main invisible du marché” qui l’exige.

Périodiquement, la communauté scientifique lance ses messages apocalyptiques quant aux conséquences de cet appétit démesuré. Les oceans- origine de la vie- sont en train de mourir ( en première page du New York Times!), la biodiversité connait des chutes catastrophiques, les ressources naturelles, l’eau surtout, vont manquer. Nous le savons, mais....
A la Une, la dernière “sensation” a deja changé. Le spectacle doit continuer. Toujours plus. Le dernier cri? La logique sacrée de l’economie globale doit bien être la seule rationnelle, puisque ceux qui la gèrent montrent qu’elle rapporte
argent , prestige, pouvoir. Cette logique est aveugle. Elle vole le monde des futures générations, un futur tres, trop proche.

Notre Paradis technologique fait eau de toutes parts. Ses réservoirs insatiables seront bientot vides. La Nature est exsangue et se rebelle.
Comment ne pas voir aujourd’hui que notre vraie richesse, durable, celle de nos enfants, est notre patrimoine naturel, et non les dernières miettes de ressources fossiles arrachées du sol a des coûts prohibitifs, économiques et sociaux, mais surtout environnementaux.
Avons nous encore le choix ?









EXTRACTION

La nouvelle est tombée comme une bombe. Lok Envel, ce coin de Bretagne encore vivant, refuge où l’air et le silence sont encore si purs, , ce refuge est menacé de mort. Une de ces mégamines dont on entend parler, loin de nous, en Afrique, en Amerique, en Asie, arrive et veut nous l’arracher: avec de nouvellestechnologies soi-disant “propres”. Comme le dit brutalement un ingenieur de ISF (Ingénieurs Sans Frontières): “ça n’est pas difficile de faire plus propre. Avant c’était dégueulasse”!

Au nom du “Dogme” de l’Economie Globale, Le tsunami arrive, en Bretagne, dans la Sarthe, dans la Creuse, sur des sites couvrant des centaines de km carrés (25 villages pour le seul site de Lok Envel)

En 2013,Variscan Mines, filiale française de Variscan Limited, un fond de spéculation boursier spécialisé dans les mines, situé a Singapour, a obtenu la licence minière pour la France, signée par Montebourg: deux pages, une porte grande ouverte.

Devant les maires et les préfets, la Société se présente comme champion du développement durable. Le premier Permis de Reherches est signé le 17 juin 2013, quelques semaines après après une consultation publique menée “à la hussarde”(Alpes Mancelles.Fr), sur Internet, auprès d’une population locale mal ou pas du tout informée. C’est le permis dit de “Tennie”, à Rouez, dans la Sarthe. Suivront Merléac puis Silfiac, en Bretagne, Villeranges dans le Limousin,et de nombreux autres.

Dans le collimateur aussi: les fond marins, déja pourtant le siège d’extinctions massives d’espèces vivantes (Etude publiée en janvier 2015 dans le journal Science). L’Ifremer a obtenu en 2012 le permis d’exploration aupres de l’Autorité Internationale des Fonds Marins. L’exploration a commencé en Papaousie et à Wallis et Futuna, ou au large de l’Afrique sous l’égide de Bolloré, loin des yeux. La Façade Atlantique suivra .


Faut-il recevoir une bombe sur la tête pour se réveiller, prendre conscience de l’ampleur de cet assaut final contre la planète, contre nous-même? Pour réaliser que sous le nom martial “d’Impératif Stratégique Global”, il s’agit à l’évidence de la mêlée générale pour s’assurer une part du dernier butin. Le plus vite possible, et à n’importe quel prix: dix fois plus que pour l’extraction des défunts gisements, les mythiques “filons”. Peu importe le coût environnemental et humain, ne serait-ce que celui des “Minerais venant de zones de conflits”. Ce que “les Amis de la Terre” dans une étude, appelle “Le pillage minier de l’Afrique”. A l’Est du Congo, “les mines controlées par la guerilla fournissent en matières premières les plus grosses compagnies d’électronique ou de bijouterie” (National Geographic). En Amérique Latine, l’assassinat d’un activiste anti-mine au Guatemala, Santos Suret, n’est que le dernier d’une longue suite de violences contre ceux qui gênent le passage du progrès.




LOK ENVEL, Bretagne

“Une fois par an, Envel sort du royaume des ombres sous la forme d’un chevalier de feu. L’Eglise qui lui est consacrée est une merveille du XVIeme siecle,,,” ( “La forêt de la nuit”, dans “le guide des lieux insolites et secrets de Bretagne”, Alain Dag’Naud)

Le site minier dit “de Loc Envel”, 320 Km carrés, est l’un des quatres sites visés sur la “grosse pépite”, le Massif Armoricain.

L’antique hameau de Lok Envel reste aujourd’hui intouché, sous la protection de son église, classée et restaurée par les Beaux Arts. Le hameau est perché à la lisière de La foret Domaniale de Coat Noz , le Bois de la Nuit, et son pendant, le Bois du Jour, elles aussi classées par Natura 2000. La Forêt et l’Eglise sont au centre de la zone minière projetée.

Tout autour du hameau s’étend la campagne encore a demi sauvage, aussi loin qu’on peut voir, sillonnée de chemins creux, de rivieres et de ravines granitiques enfouies dans une vegetation luxuriante, de prairies et de landes.. Et là , sur cette bande de pays à la frange des Monts d’Arrée, trop accidentée pour avoir été jamais en cultures “intensives”, une trame vivante s’est mise a renaître, élevages et cultures en harmonie entre elles et avec leur paysage naturel. On y pratique autant que possible la coopération, l’entraide, les cicuits courts et locaux. De veritables filières vivantes où rien n’est perdu.
Un lieu précieux. Une pousse pour un monde possible. Va-t-on la vaporiser?





“TERRE BRULEE”

“Pour l’instant, une mine à la fois propre et rentable, ça n’existe pas” (Ingénieurs sans Frontiere, SystExt)

Apres trente ans de sommeil, La fièvre miniere francaise redémarre donc sans fanfare, en 2013. En 2012, à l’issue du Comité des Métaux Stratégiques (COMES), Montebourg promettait deja “une forme de technologie moderne, nouvelle, à taille humaine (?)”. Après un examen rapide des mines récentes, on est en droit d’avoir des doutes:
La région minière de Salsigne dans le Languedoc connait 100% d’augmentation des cancers, selon le Journal Europeen de Prevention du Cancer, 125 millions d’euros de réhabilitation inconclusive ont été dépensés, payés en totalité par le trésor public.

L’exploration et l’exploitation de ce type de mines implique de considérables mouvements de terrains et de végétation. Pour exploiter 100 millions de tonnes annuel de roche, il faut dégager un millard de tonnes de “Morts Terrains”, les déchets (Guide pour l’évaluation des projets “Etudes d’Incidence Environnementale”-EIE- du domaine minier, ELAW, Environmental Law Alliance Worldwide).

Sur le site de Lok Envel par exemple, la seule logistique requise est sans commune mesure avec l’echelle du bocage breton- engins d’excavation et de forage, camions, routes d’acces. Elle a un impact à l’évidence extrêmement lourd: déforestation, pollution aérienne, pertes irréversibles de sols fertiles,suivies par l’érosion. L’extraction le démultiplie. Le traitement électro- chimique de la roche broyée exîge des quantités d’eau énormes , entrainant une contamination à long terme des nappes phréatiques profondes, des cours d’eau, et des terres, à tres grande distance, une sédimentation irréversible des
rivières. Tout cela est largement documenté (récent document “Mission 2016” de MIT-Massachusset Institute of Technology).

Selon Earthworks, les quarante mines de métaux américaines les plus importantes génèrent annuellement plus de cent milliards de litres d’eau polluées (environ mille lacs de Geneve) avec un coût d’assainissement de 67 milliards de dollars par an. Oui il existe peut-etre des technologies “propres” pour rendre l’eau à peu près acceptable, sinon vivante. Elles coûtent très cher. Et puis un écosysteme, comme son nom l’indique, ça n’est pas l’eau seule, c’est un tout.

Earthwork (2014) révèle également que sur 25 importantes mines de métaux en milieu rocheux, dix neuf, ou 75%, ont “violé ́ ́ leur engagement sur les standards de pollution des eaux. C’est la politique de la “terre brûlée”. Sommes nous des hordes barbares?. Sommes nous en train de nous gaver frénétiquement, ne laissant rien pour les enfants encore à naître, sinon des terres et des océans morts?

Alors on parle emplois, bénéfice économique pour le pays minier. En réalité il s’agit de quelques centaines de jobs locaux, au mieux (300 pour l’importante mine de Salsigne, Languedoc, selon le Rapport de la Cour des Comptes), emplois particulièrment “non durables”, laissant un environnement dévasté, le tourisme évanoui.
Ce pays là n’a rien a y gagner, tout à perdre.





DANS UNE VIE


Le pays de Lok Envel, auto-suffisant, frugal, où la nature et les objets se passaient entre génération, où le village aussi vivait, où il etait inhospitalier de fermer sa porte, ce pays n’est pas si ancien. Cinquante ou soixante ans. Il ne s’agit pas d’y revenir, mais d’apprendre de lui pour faire mieux, avec les connaissances que nous avons acquises grâce a ce réseau fragile de praticiens qui émerge sur toute la planete.

Comme beaucoup de bretons, j’ai couru le monde, et je suis revenu dans mon “pays”.

Les bretons de mon enfance appartenaient encore a ce pays séculaire. Beaucoup étaient pauvres, certes, La vie pouvait être dure. Ils avaient leurs défauts. Ils étaient humains. Mais leur pays lui, n’en n’avait pas. Parceque ses habitants vivaient , travaillaient, rêvaient dans une entente vivante avec lui. Peut être un peu comme les aborigènes ou les indiens d’Amérique. Apres tout ces anciens catéchismes en images, peintes sur peau de chèvre, étaient destinées à évangéliser “les indiens et les bretons”.

Mais surtout, ces peuples avaient le même respect pour le monde qui les entourait, auquel ils appartenaient. Ils leur fallaient disparaitre sous le rouleau compresseur du “Progrès”.
Pourtant Il reste encore des niches relativement intouchées, comme Lok Envel et son pays,
Combien de temps encore?





AU NOM DE QUOI?

“La Production de trop de choses utiles résulte dans la production de trop de gens inutiles”. (Karl marx)

D’où nous vient cet appétit vorace, nous qui épuisons frénétiquement le capital primordial dont nous avions reçu la charge à notre tres récente arrivée dans la vie sur la Terre.
Ici il est sans doute nécesaire de s’appuyer sur les “hard datas” , les données “en dur”, résistantes, exploitables, comme ce qu’elles mesurent.

Selon les évaluations citées par des sites comme SOS-Planete, le calendrier d’épuisement des ressources minières et fossiles va de cinq ans (l’argent), à un siècle ou deux au mieux. De 1950 a 2000, les besoins en énergie ou en matières premières connaissent “la grande accélération”, la courbe part a la verticale. Tout comme le tonnage des déchets, comme celle aussi des espèces disparues ou menacées, celle des terres et des eaux en voie de mortification.
Que se passe-t-il après la verticale?

Nous ne voulions pas voir le prix réel du “confort moderne”, de toutes ces “merveilles de la science”, qui devaient simplifier la vie et en fait la complique aussi considérablement. Nous ne voulions pas savoir. Le développement, le progres, scintillait encore devant nous. Nous ne savions pas que la vague emporterait tout.

“Le gagnant ramasse la mise”. C’est le titre du livre “Winner take all”, qui analyse en grand détail le role grandissant de la Chine dans ce jeu. Une partie tres chaude. La derniere.
la “culture of waste”, culture du gaspillage, permet d’accélérer sans cesse la machine globale, et la croissance de ses chiffres d’affaires. Notre dépendance à cette machine est quasi-totale, pour l’alimentation, l’eau, l’énergie, la communication, les loisirs, les connaissances, les transports...

Selon l’étude de l’University de Yale, plubliée dans “The Journal of Industrial Ecology” (03/015), seule une fraction minime des déchets planétaires est recyclée, même si les chiffres sont meilleurs en Europe: quatre milliards de tonnes annuels seulement pour 62 milliards de tonnes de materiaux traités, et 41milliards de tonnes de déchets. Un flot continu. La disposition des équipements hitek est particulierement problématique, en particulier en raison de la toxicité des metaux “rares” qui entre dans leur composition, par exemple celle des portables.

Mondialement nous produisons entre 20 et 50 million de tonnes de déchets électroniques par an, (Chiffre ONU/UNDP). La durée de vie des ordinateurs est passée de six ans a deux ans de 1997 a 2005 (Greenpeace). Celle des portables est de deux ans au plus.75% de ces équipements finissent sous forme de déchets dangereux, exportés par millions de containers, souvent illégalement, vers la Chine, le Nigeria, vers tous les acheteurs accomodants, par qui ils sont traités dans des conditions très dangereuses. (site de Taizhou, Chine).

Il en va de même pour l’eau. L’actuelle et brutale sécheresse en Californie est symptomatique: les cultures intensives usent 80% de l’eau disponible. Elles dépendent de fertilisant et d’insecticides issus de la pétrochimie, Elles dépendent de l’extraction.
Même chose pour l’énergie: l’explosion des calottes de montagnes pour le charbon, la disposition des déchets nucéaires dont personne ne veut. Ou encore la “fragmentation”, pour extraire le pétrole mêlé au schiste, le “Fracking”, le même principe, au fond, que pour les métaux dispersés dans la roche.

Le Journal of Industrial Ecology pousuit: “Le métabolisme grandissant de la Société globale atteint ses limites, tant pour les ressouces naturelles que pour la disposition des déchets”: un développement manifestement non-durable. l’accelération technologique, guidée essentiellement par les principes d’obsolescence planifiée et de maximisation des profits, n’est plus soutenable. Le problème , aussi complexe soit-il, est incontournable. Le refus d’y faire face est une folie.

Apres des pages et des pages de ces “données en dur”, le Journal conclut: “un passage aux énergies renouvelables, une diminution des biens de consommation, l’avancement décisif de ‘designs’ écologiques, sont (maintenant) requis”.
Certainement, c’est possible. Des scientifiques comme les americains John Todd ou Wes Kackson ont développé par exemple des hybrides naturels: les “machines vivantes”, écosytemes reconstitués, pourraient transformer même les villes, “enfouies” dans une verdure qui recycle l’air et l’eau, produit une alimentation saine et locale, séquestre le carbonne. Possible. Oui, mais voila, il y a l’argent. La Finance, globale. Le marché de masse. La géopolique.
Alors?
On connait le détournement publicitaire des principes écologiques. Pourtant on parle sérieusement aussi d’économie circulaire, de recyclage systématique, de circuits courts, de co-gestion agricole en harmonie avec son écologie locale. L’Américain William Mc Donough, consultants de l’industrie et de Gouvernements, propose de remplacer Le principe “du berceau à la tombe”, par “du berceau au berceau”: Tout doit être conçu et construit pour pouvoir être séparé en constituants recyclables.
Faudra-t-il une méga catastrophe pour que l’on y vienne, que l’on entame enfin le difficile passage, avant que la porte du cokpit ne soit verrouillée?

Qui est le pilote?





L’EAU DES RUISSEAUX


L’été, tout le jour,nous battions la campagne. Nous buvions l’eau des ruisseaux, courrions les landes, les prairies, les bois, respirions l’air presque trop pur, trop riche, les ajoncs au parfum de miel. C’etait le monde aussi de mille petits peuples, les oiseaux de toutes tailles et de tous plummages, précieux et minuscules troglodytes, fauvettes, pinsons,mésanges, rossignol, pic-épeîches... Le monde aussi des poissons, “dans le courant du nom de pur” (comme l’entendait mon cerveau d’enfant) , ou bien, myriades, dans la mer et sur les quais,dans les grands paniers d’osier, aux jours des grandes marée...


Et puis en Bretagne, bien entendu, il y avait les “esprits”. Eux aussi étaient partout. Mais bien sûr, il s’agissait de la même chose: les ruisseaux, les oiseaux, les esprits... Aujourd’hui, dans la Bretagne des autoroutes, des “zones” et des “Grandes surfaces”, les forêts, les collinnes, les vallons, sont presque silencieux.

Je me disais que si ces “esprits” avaient trouver encore un refuge, c’etait là, dans le pays de Lok Envel, aujourd’hui en grand péril. Une autre sorte d’espece en voie de disparition.
Mais ces merveilles, par quel privilege y avais-je le droit?
En Afrique, en Amerique latine, on n’a pas pris de gants pour règler leur compte aux ennemis du progrès.
Alors il faut déplacer la question. Ces “esprits” là qui résident en de semblables endroits, encore vivants, pour nous tous, peut-on accepter qu’on les achèvent une fois pour toutes?
Au nom de qui?









LA MAIN INVISIBLE DU MARCHE



Voici comment s’est mise en place la nouvelle campagne minière en France:

En Juin 2010, l’Union Europeenne publie la liste des matières premières “critiques”. Au sommet de la liste, les métaux rares, come les “terres rares”, qui nourissent la Haute Techonologie.
Le nouvel “Imperatif Strategique Global” est a l’ordre du jour, dans le monde entier.

Dans la foulée, la France se met sur le marché, à la recherche d’un bon parti pour monter ensemble une nouvelle campagne minière, apres trente ans de sommeil. L’heureux élu est une créature exotique nommée “Platsearch”, un Fond boursier d’Australie et de Singapour, spécialisé dans les mines. Flatté, Platsearch envoit en France une délégation: une filiale, Variscan Mines: une Société sise a Orleans, et dont l’effectif se situe entre quatre et cinq personnes, dont quatre ingenieurs du Bureau de Recherches Géologiques et Miniere (BRGM), débauchés pour les besoins, avec leurs connaissances du sous-sol

En 20012, Au colloque du Comité pour les Métaux Stratégiques (COMES), Arnaud Montebourg annonce: “Notre connaissance du sous-sol...sera mise a la disposition d’opérateurs miniers qui pourraient , en France, apporter des projets miniers, en matière de terres rares et de ressources stratégiques” . Il ajoute: “La France peut redevenir un pays ou l’on peut exploiter les mines”.
Platsearch, “l’heureux élu”, prend la nationalité francaise, au nom de sa filiale Variscan Mines, “en reconnaissance à l’importance grandissante de nos activités en Europe”, en particulier “la nouvelle politique francaise favorisant l’expoitation miniere” (Platsearch, 2013).

2013. Montebourg signe l’acte de marriage de la France avec Variscan, une licence d’exploration minière quasi inconditionnelle. Variscan/Platsearch exprime alors sa confiance en son sous-traitant de choix en France, chargée de l’exploitation elle même: la Société Eramet, qui connait pourtant déja de grosses difficultés environnementales, en Nouvelle Caledonie.
Dans ses Rapports, Variscan assure aussi que, en depit du manque de résultats en bourse, elle a à coeur les intêrets de ses actionnaires, soulignant que le futur du marché chinois est très prometteur. En 2013 également, le géant financier Canadien BMO capital market/Global Metal Mining, ouvre à Paris “Global Metal Broker”, spécialisé dans le marché des métaux rares, et dont le directeur et seul employé est un vice president de BMO, détaché pour l’occasion.



2014. La Société des Mines de France est créée, avec un objectif d’investissements de quatre cent millions d’Euros.


2015. Le cours des actions variscan est au plus bas. Il a chuté de 80% en trois ans. On peut se demander quelles vont-etre alors les priorités de la Société? Au même moment Le revendeur Global Metal Broker lance par email et internet une campagne d’appels à investissements, en particulier dans les “terres rares”, avec des promesses miroitantes de rendement a 500%.


Finance Globale







Un examen de Variscan Ltd montre que la filiale australienne de HSBC, HSBC Custody Nominees, y est devenue majoritaire (29% des votes ) grace aux acquisitions successives de l’un des associés, Chee Seng Kwan , qui, de 9000 actions en 2009, est passé a 45000 en 20011, 52000 en 2014.
Le Fond minier Variscan Limited est en majorité orienté vers le marché asiatique, en particulier chinois, tout comme les activités minieres de BMO Capital Market/Global Mining Metal, qui a ouvert cinq bureaux d’investissement en Chine depuis 2006. Le “managing director” de Variscan Ltd, Greg Jones, était auparavant “chief operating officer” de China Metal Pty Ltd .
La récente adhesion de nombreux pays, en particulier en Europe, a la Nouvelle “banque mondiale” chinoise AIIB, ne peut que confirmer cette orientation.
Il peut etre alors raisonnable de se demander si l’actuelle campagne minière française est vraiment destinée à assurer l’indépendance de la France, comme le dit le gouvernement, ou bien, comme le laisse clairement entendre Variscan-Platsearch, à nourrir le considerable appétit de la Chine et doper des valeurs boursieres mal en point.
Voila donc ce dont dépend le sort de nos pays de Bretagne et d’ailleurs, et le sort de la planete humaine, car la Planète elle même en a vu d’autres.


UN MONDE POSSIBLE? 

Oui.

« Des villes qui peuvent grandir, respirer, échanger, comme les arbres, les forêts, les jardins. Elles peuvent générer plus d’énergie qu’elles n’en consomment, recycler leurs déchets et se reproduire sans tout détruire autour d’elles. »
(Jonathan Dawson - Findhorn)


Oui c’est possible. Ca n’est pas une utopie. John Todd, William Mc Donough et bien d’autres l’ont montré. Mais voila, il faudrait vouloir.

Partout sur la Planete, un peu “sous le radar”, grandit une toile vivante, fragile mais vitale. Des réseaux d’agriculteurs, batisseurs, chercheurs, éleveurs ou apiculteurs, travaillant, vivant en harmonie avec la “machine naturelle”.

Il faut leur prêter attention. Ils sont la seule solution.

Les choix sont difficiles sans doute. Renoncer aux excès technologiques et à leurs séductions, par exemple. Mais peut-être pouvons nous retrouver, trouver d’autres plaisirs, plus réels. Ce choix là ne dépend pas des multinationales ou des gouvernements.
Il dépend de nous. 

Tuesday, November 13, 2012


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SANDY
Journal d’une catastrophe annoncée.

Six Novembre, 23 heure trente. Barrak Obama nous fait savoir dans un tweet, qu’il signe BO, qu’il pense gagner. Incontestablement, on respire mieux.
Encore groggy de batailles électorales sauvages et de déluges, l’Amérique a choisi. La vision fracturée de l’Amérique, présente  et à venir, demeure. Tempêtes à l’horizon.
Dimanche 11 novembre. La une de la section Business du New York Times trompette :  « MAD MAX ECONOMY, L’économie des désastres », sur fond de Planète Terre explosant de toutes part.
A l’ordre du jour : « Le Précipice Fiscal », droit devant.



L’autre ouragan, la Frankenstorm, c’était hier. Il y a des siècles. Un autre monde, un mauvais rêve. Si réel pourtant.  Le lendemain des élections,  tempête de neige, beaucoup trop tôt dans la saison, pour ces malheureux, là-bas, qui n’ont plus rien.
Déjà loin des phares médiatiques, de la mémoire à court terme (comme le profit du même nom),  beaucoup d’entre eux resteront dans une misère ou une autre, pour longtemps encore. Oui, ils sont loin. Loin de quoi au juste ?


C’était ici même, Hier encore. En voici l’histoire :

Samedi soir 4 Novembre, bien au chaud, à la lumière,  après un bon bain, curieux comme j’oublie tous ses malheurs, et surtout ceux des autres qui sont encore en plein dedans. Mais eux, c’est des petits, perdus dans la nuit  froide de nos consciences,  la nuit, là-bas, les immensités  de Long Island ou du New  Jersey. Perdus aussi dans la conscience des autorités:  « patience », on leur répète. Pas grand chose d’autre qu’ils peuvent faire, sinon réfléchir à la cause, mais ça c’est improbable. Le maire Bloomberg vient de déclarer que même en ville, les déplacés,  les malheureux des HLM (Projects) sur la East River, on n’avait nulle part où les mettre. Que les meilleurs gagnent !

Hier soir j’écoutais encore ma petite radio salvatrice à piles, comme tout au long des nuits froides et noires de cette semaine. Sur les ondes longues (AM)- la radio des white trash, les petits blancs, c’est un chaos obscur de mauvais rock and roll , comme on dit un mauvais vin, et de vitupérations hystériques d’extrême droite. En plein ouragan.  Faut croire que ça les excite. Juste à côté sur la bande FM, WNYU, les petits bourgeois nihilistes  mènent leur programme super hard-core, « crucial chaos ». Jello Biafra du groupe  Deads Kennedys vocifère sur « l’harmonie du mass murder ». Bon . mais quand on entend Paul Ryan , candidat à la vice pésidence, dire, la veille des élections, qu’Obama menace les valeurs judeo-chrétienne, tout est permis.
Tout a commencé ce lundi là, 29 Octobre.. D’abord des petits souffles maléfiques au milieu d’un calme inquiétant coupé de temps à autres par une violent explosion de vent, BOUM, puis plus rien. C’est la que j’ai pensé,  « ca va chier ».
A la nuit, les diables se sont déchainés. Je fais écouter à ma copine en Argentine,  sur skype, lui montre les rideaux lourds que j’ai mis à mes fenêtres qui tremblent , pour ne pas qu’elles m’explosent à la figure, quand soudain la lumière se met à clignoter.. Sans doute la coupure préventive, prévue, quelquepart, pour ne pas frire les installations. Une minute encore de faux espoir, ca n’est pas encore pour moi, et CLAC, tout est fini. La longue nuit a commencé.
Bon, je me dis, on va dormir, pas grand chose d’autre a faire, on verra bien demain.
On a vu.
Avant de commencer, tant qu’à écrire ce journal, seul ici dans a nuit, j’en pondère la résonance : si les mots n’existent qu’en résonance, il faut bien que ça résonne dans quelque chose. Les cordes de mon cerveau, ou bien celle des autres? Et quels autres ?  Alors, est-ce qu’on ajuste et on taille  semi-consciemment en fonction de ces caisses de résonance là ? N’est-ce pas ce que les surréalistes essayaient frénétiquement de  court-circuiter ? Rêve. C’est comme ça aussi, dans le noir.
Bon. Never mind. Allons y.
Il a fallu s’organiser vite fait, l’eau, les bougies, les lampes, les piles, les priorités en tous genre. Comme d’aller chercher de l’eau dans la nuit, au fleuve Hudson, marée haute à dix heure du soir, le vent, la pluie, route barrée par des flics. L’eau était montée sur le périph, le West Side Hiway. Puis le lendemain matin j’y retourne, a dix heure, mais je trouve une eau si immonde que même pour les chiottes, je ne  pouvais pas.
Curieux comme on s’adapte. Je suis sorti dans le froid sans toilette ni petit déjeuner. On s’accorde au froid,  aux faibles lumières, aux connections in/out coupées d’un coup. On s’accorde sur autre chose. Ça ne manque pas. Ca remue des choses ces affaires là. Ca fait remonter à la surface.
On réapprend à vivre ? sans le vaste appareillage  vital ( ?) auquel nous sommes connecté en permanence. Bien fragile.
On prend en main sa barcasse, sa carcasse, les mettant en ordre d’urgence, rangements, rationnements, expéditions extérieures. On y passe beaucoup de temps. Il faut être soigneux, faire très attention. Par exemple , il y a beaucoup d’incendies, par les bougies mal protégées. Mais on devient vite assez bon.
Les gens n’étaient pas vraiment préparés . Il y avait eu trop de fausses alertes, les alertes oranges du Homeland Security, l’ouragan Irene en 20011 et un autre avant, sans effets. Alors, « On a décidé de chevaucher la tempête ». ride the storm, selon l’expression consacrée dans ces cas-là. Une histoire de cow -boy. Ou ce marin.
On a assez vite compris. Les eaux qui montent de trois, puis de quatre mètres, audelà de toutes les espérances. On n’a pas besoin de réfléchir.
La ville de New York serait-elle un château de sable que des enfants insouciants regarde la mer envahir ?
Le gouverneur et la mairie de New York avait en main des études tres sérieuses sur ces questions hydrauliques. Les conclusions étaient pourtant très claires. Parfois on  pense que  ces gens ont des dollars collés sur les yeux.  Normal en ces temps du roi Fric : Le 1% au  sommet vit aujourd’hui dans un monde parallèle, sans parallèle dans l’histoire de l’Amérique, selon le livre « Winner Takes All » : le gagnant rafle la mise. Il peut se payer les gouvernements, et un lavage en grand, en douceur et en couleur,  du  cerveau électoral, devenu aveugle à la réalité d’une misère et d’une dégradation de plus en plus évidente derrière le slogan « gavez vous et oubliez », dans les coulisses du « grand spectacle ».

Mais  ici, ce soir à la chandelle, quand les tâches indispensables sont finies, j’essaie de glaner quelque chose de cohérent dans le brouhaha infernal des stations qui hurlent et se mélangent. Je sais que le bas de Manhattan est sous l’eau, comme les deux rives de l’East Rive, ici et à Brooklyn. . Les générateurs de secours sont au sous-sol, comme à Fukujima. Ils sont inondés. Trop lourds pour les installer plus haut, nous dit-on. Bon , passons. Donc tout s’arrête.  Dans trois grands hopitaux, les médecins et les infirmières descendent les malades critiques sur des civières,   à la main, avec la pompe à oxygène manuelle, les IV, dix étages dans le noir. Dans le Village-Est, Alphabet City (avenue A,B,C,D) , c’est Venise. les HLM style soviétiques sur l’East River deviennent des zones de guerre. La peur règne.  Les flics, ici,  à part quelques « cruisers » fonçant  en mitraillant leur éclairs,  on ne les pas vu avant mercredi, trois jours plus tard. Et encore c’était pour diriger la circulation.  En cas de vraies catastrophes, on ne croit plus trop au  Père Noel.
A Long Island, comme toute la côte, la ville de Long Beach, la plage des surfers, est dévastée. Les habitants n’ont plus d’eau, plus électricité , de téléphone, parfois plus de maison,  plus rien . ils ont attendu trois jours avant de voir un camion de la croix rouge, à trois kilomètres de là où ils sont.  Et leurs voitures sont dans la mer ou dans le sable. Par contre des escouades de gardes nationaux armés jusqu'aux dents sont là, comme des robots. Ils ne répondent pas aux questions, ils ne savent rien., ils nous regardent, disent les habitants, « comme si nous étions des suspects, et non pas des victimes».
Ici, dans le noir, je réfléchi. Je gamberge.  Ça remue. Une bonne manière de passer le temps. Ca empêche de sentir le froid, et  le reste. Par contre on se dit qu’une semaine,  ça va être long.   Si ça dure plus, on commence sûrement  à déjanter.  Quelques semaines de plus, ça ne serait pas beau à voir : alors c’est le « shelter », le camps de  réfugiés, avec toutes  ses indignités. « Là-bas », au bout de la nuit, c’est déjà commencé. Comme pour katrina. « Ah ces pauvres Louisiannnais ». On commisérait de temps en temps en regardant les images, bien loin d’ici, nous au chaud….Et puis plus loin encore, le grands tsunamis d’Asie du Sud Est et puis du Japon, « des gens très bien », comme vous et moi. Fukujiama. Encore plus loin, plus bas, si on veut,   Haiti Port au Prince,  l’Afrique, les autres…   Et encore, ces films et ces livres post-apocalyptiques qui se multiplient, variant les plaisirs avec un art savant. Pourquoi ? Un mauvais rêve ?  William Burroughs disaient qu’Armageddon , c’etait vos pire cauchemars réalisés.

Apocalypse ?  Tellement de fausses alertes encore, au cours des âges. On n’y croit plus.  Alors pourquoi on n’y croit de plus en plus, en regardant le grand bal financier planétaire fonçant vers l’abîme, entraînant tout avec lui ? il fait rage de ses derniers fourneaux, de ses dernières forges, qu’il nourrit  des derniers restes encore à prendre, extirpés de la terre éventrée. « Blade runner economy ». Tout ça  pour la grande  machine à laquelle nous sommes connectés de mille manières. La machine qui nous pompent en prétendant  nous assurer la vie. La machine folle et aveugle qui déjà crache des flammes et prend eau de toutes part. Les réactions en chaine se propagent dans les grands systèmes homogènes où rien ne les arrête. Meltdown: énergétique, informatique,  logisitique, épidémique, toxique. On a le choix des fins du monde. Même plus besoin des militaires et de leurs Folamours..
Est-ce que ca va venir ?
Après nous le déluge. Hé Hé ! Il est là maintenant, à ma porte.

Alors ici, je m’adapte. Je crois que je peux m’adapter à beaucoup de situations, même critiques. Peut-être ma petite enfance de guerre (la mondiale) remonte à la rescousse.(La pratique avancée des arts martiaux aident aussi, mais ça, c’est une autre histoire) . Et si je me rapatriais finalement sur ma petite maison de Bretagne perdue au fond des bois ? Ca me trotte dans la tête. La solitude, la contemplation. Sûrement. Mais serait–elle pire que celle-ci. En même temps, la Bretagne a connu elle aussi  de beaux ouragans.  A quels saints se vouer alors ? Souvent je me dis aussi qu’à ce stade de ma vie, autant être carrément au coeur  du problème, le vivre au moins, plutôt que de chercher  des hâvres sans doute illusoires.
La solitude , j’en refais l’apprentissage ici, maintenant, débranché (une bénédiction masquée?) de toutes les tubes et les réseaux auxquels nous sommes accro, seul devant moi-même. On perd vite l’habitude. On est désemparé. D’abord on réapprend à se souvenir où on met les choses, on devient parcimonieux, frugal.  On réfléchit à toutes ces fausses facilités.  Ils savent ce qu’ils font, les “pushers”, les “Maîtres de l’Univers”, expression acceptée même par le New York Times. Ils usinent avec une science diabolique les dépendances en tous genre du bétail humain, en douceur, sans que ca se sente. Il faut détruire toute velléité d’autonomie, du corps ou de la tête. Cette autonomie qui serait pourtant notre seul espoir, qu’elle soit alimentaire, énergétique, hydraulique, intellectuelle, voir spirituelle (ah cette distinction entre mind et spirit,  qui n’existe pas en français, qui a forcé Pascal aux “raisons du coeur”, mais je digresse).  Diversité vitale et protectrice, au lieu de l’homogénéité  vulnérable et stérile. Evidemment c’est beaucoup moins rentable,  cette  rentabilité sacrée par le  le dogme “global”.
Seigneur, pardonnez leurs car ils ne savent ce qu’ils font. Après tout, ils sont  aveugles: sur le dollar, au centre de la pyramide, un seul oeil voit, l’oeil de Dieu. Il voit tout , entend tout, sait tout, comme on apprenait au catéchisme. “Croissez et multipliez vous”. Ca rapporte. Les horreurs du passé, du temps présent, rendues au centuples, comme au paradis.
Bon , on se calme. Ou au moins on essaye.
Alors , ici, on en revient toujours à cette solitude toute nue, dans la nuit déserte et froide, dans la petite bulle faiblement éclairée, sans appel. La solitude qui heuresement danse à la flamme de la bougie, un semblant de hasard, un semblant de vie. Puis la réalité vous saute a la figure. Les chiottes! Oui , je vais aller a l’Hudson à marée haute ce soir, dans la tempête, avant que les panses de la ville ne dégorgent dans la rivière, car on est plutot massif nous autres, quand on s’y met. Comme je l’ai dit, je n’y suis pas parvenu. Pauvre Océan. Combien pourra-t-il absorber encore nos déjections en tous genre sans mourir?
Dans ma misère très relative, je pense encore à ces millions,  inondés, incendiés,, déplacés, plus ou moins oubliés parcequ’ils ne font pas le poids. Pas si loin d’ici. Et pourtant aussi loin que l’Asie ou l’Afrique, dans la nuit paralysée.
Mercredi. Deux jours déja. Tout reste mort. Mais tout seul dans sa tour d’ivoire, Wall Street ouvre! Le nerf de la guerre.  Leur guerre. Les guerres, les désastres, faut pas croire, y a du fric à se faire, comme disait le jeune trader dans le beau documentaire “the Corporation”.  Ou bien , selon la mémorable formule du banquier Morgan: “quand le sang coule dans les rues, c’est le moment d’acheter”..
Nous, on  pourra toujours bouffer du dollar , boire du dollar, se laver, se torcher avec des dollars.
Juste avant l’ouragan, la une des journaux portait sur la puissance des forces du mal, “EVIL”: la malheureuse mère qui retrouve ses enfants, sa famille idyllique, massacrés dans la baignoire par la bonne. Ils ont bon dos les “forces du mal”.  Comme au Moyen-Age, ça évite de voir. Nous en sommes là,  simplement démultiplié au cyber-néon.
Pourtant, aujourd’hui, la une du New York Post, qui arrive à sortir quand même, hurle: “DESPAIR”. Désespoir. Direct. On ne peut plus blâmer le diable. Le bon vieux manichéisme américain va en prendre un coup. Pourvu que ca ne tourne pas au pire: ce peuple “exceptionnel”, surarmé, voyant lui échappé son droit sacré de se gaver…. Bon j’arrête là le fil de ma pensée.
Ici ce soir, j’en ai une petite dose, de désespoir: les deux tiers de mon temps se passent à la maintenance de base. Corvées d’eau, de bouffe, d’énergie, piles et bougies, tenir  à peu près propre et en ordre relatif. Le froid. La nuit encore. La solitude qui paraît soudain irrémédiable. Voir  quand même si des gens  âgés, invalides, dans l’immeuble ou dans ma rue, n’ont pas besoin de secours. Les rues mortes, inquiétantes. On préfère ne pas imaginer ce que ce serait dans une “vraie” (?) catastrophe, une dont on ne voit pas le bout. Des gens comme nous. Des gens si bien. Un autre monde.
Ces derniers temps la télé est saturée de feuilletons et de films sur les Zombies, les morts-vivants, le plus sanguinolant possible. Grand Guignol. D’où vient-elle cette obsession? On imagine:  des petits groupes de “survivalistes” armés jusqu’au dents, mitraillant les hordes de “zombies” qui cherchent désespérément à boire et à manger….

Ils sont long ces jours. Et la nuit qui tombe, tôt, trop tôt.. Oui on se sent vraiment seul. Plus de Com, d’aucun genre. On n’a plus même cette illusion.  Plus de dis-traction. Plus de traction du tout. Faut tracter par soi-même. Plus de tout cuit.  Dans mon trou de nuit, il faut puiser de l’intérieur. En creusant un peu, on trouve vite un tas de choses. C’est un des avantages. On redécouvre… sa propre  humanité? La vraie?
Il faut faire avec ce qu’on a , là où on est. le vrai principe qui pourrait nous sauver si on l’appliquait, même un peu.
La catastrophe  éclaire d’ailleurs tout d’un coup la grande fracture idéologique du temps: coopération, solidarité, partage,  ou bien  compétition, accumulation féroce, “ôtes toi de mon chemin”, “eux ou moi”, “tu boufferas quand tu seras compétitif “(on l’a vu un temps cette affiche représentant un gosse africain, à la gare Montparnasse). C’était aussi, un peu, l’enjeu de cette élection.  Le capitalisme sauvage  et son robot de service d’un côté, solidarité collective de l’autre.   La démonisation courante d’Obama le “socialiste”, ca fait un peu rire puisqu’après tout, il est comme les autres, au service des “masters of the universe”. Il n’y peut pas grand chose. Mais bon, le peu de différence, on préfèrerait quand même. Cette fracture on la voit ici à New York ou dans le New Jersey. La maire Bloomberg, et le gouverneur Christie, républicain pur et dur, reçoivent soudain la foi comme Saint Paul à Damas.. Oui, on a besoin du gouvernement. Non, la maximisation du profit à court terme n’est pas le moteur universel. Ici à New York, dix milliards de dollars d’infrastructures collectives,  vannes géantes ou digues (les plans existent),  c’est cher. Mais  les cinquante milliards de la catastrophe, et bien plus  dans deux ans, trois ans,  quand ça recommence, c’est nettement plus cher.  Surtout si on sait où vont ces dix milliards soi-disant économisés, qu’on se garde bien de réinvestir en équipement. Mais qui veut attendre les calendes grecques pour palper, alors qu’il y a des “subprimes” et autres magouilles tellement plus juteuses  sous la main?
On peut aussi aller plus loin: les vannes en question protégeraient Manhattan, Wall Street. Au prix du mètre carré, c’est rentable. Par contre, “là-bas”, à Brooklyn, Staten Island, Long Island ou Queens,  la populace recevrait entre un et deux mètres d’eau en plus.  Triage. Il faut bien choisir.  Mais une forteresse, comme ça, au beau milieu de no-man’s land dévastés, de quel genre de monde s’agit-il?

 Pluôt tectonique en tous cas, cette conversion du maire et du gouverneur en favauer du “socialiste” Obama, quand on pense au principe qui règne sur la planète depuis l’ami Reagan , ça fait maintenant plus de trente ans. Amassez et enrichissez vous. Il en restera toujours quelque chose pour les autres. Et puis il ya les dames de charité.
Çombien de temps va durer ce réveil du moment? On ressasse toujours qu’il faudra une  catastrophe pour que ça change.  Apparemment il faudrait que ce soit global. Sinon , dans un mois, dans deux, on aura oublié, jusqu’à la prochaine.
Mais parlons en de la solidarité, ici, maintenant. Pas terrible. Les gens qui sont restés dans le noir. Frileux, apeurés, plutot terrés dans leurs trous. Certainement il y a des volontaires, des “héros”. Mais c’est loin d’être la règle. Instructif de monter audelà de la trentième rue, “midtown”, venant de mon “no man’s land” downtown, pour essayer de trouver un signal pour mon portable. Là-haut, c’est comme si de rien n’était, foules  draînant les boutiques de luxe, avenues illuminées, affairées. Et en bas, la ville noire, oubliée. je ne parle même pas des immensités anonymes, dévastées, là-bas dans la nuit.  Ca c’est à la télé,  avant le dîner, ça donne un petit frisson, quand bien au chaud avec sa petite famille. Ca n’arrive qu’aux autres. Toujours “les autres”.
Solidarité? Est-il question pour ceux de l’intérieur d’acceuillir des innombrables familles de la côte qui n’ont plus rien que la misère et le froid?  On donnerait plus vite un dollar ou une boìte de conserve pour leurs camps de réfugiés. Des gens comme vous et moi.
 Ici, dans ma nuit, les variations Goldberg sur ma petite radio à piles, ca fait du bien. Je lis quelques pages de mon livre du moment, “les Possédés” de Dostoievsky. Pas exactement réconfortant, mais  bon , c’est aussi le moment ou jamais d’aller dans les grandes failles de la psyché humaine, avec  un guide aussi prodigieux que ce vieux fou de génie. Et puis encore là, ca fait oublier le froid, la solitude, tout….
A la radio encore: quatre mètre de montée des eaux.  On se prépare toujours pour la dernière guerre, pas la prochaine. C’est pourquoi on n’a pas coupé préventivement les centrales. Elles ont explosé.
Troisième jour.  Assurer les premières nécessités. Ca devient plus difficile. Il faut marcher des kilomètres pour trouver . J’ai su plus tard  par la bande, car les managers refusaient de me répondre, que les “bonnes” épiceries avaient préféré tout jeter nuitemment aux ordures plutôt que de donner.  Pour ne pas faire baisser les prix peut-être, à la sortie? Les salauds. Je trouve quand même des cageots de figues laissés dehors par les épiceries coréennes dont pourtant on disait tant de mal. Et puisque j’ai encore du gaz, la seule chose qui reste, et du sucre, je fais des confitures! Why not!
Aujourd’hui j’ai découvert un petit café du commerce au coin de la rue: la station de pompier avait mis  dehors une prise électrique pour  que les gens puissent recharger leurs portables, au cas où ça remarche. Début peu prometteur: comme je m’approche un peu vite, un gros qui a l’air en charge me rembarre, “attends ton tour mec!”. Je le rassure sur mes intentions et on devient les meilleurs copains du monde.  On parle. J’impressionne avec mes lointaines histoires d’enfance de guerre.  Les pompiers se prennent au jeu, amènent le café, les petits gateaux, les fruits. Byzance! Je demande où est la musique. Ca va venir. Oui. Bon..Les gens racontent leurs vies, leurs périgrinations: “mes parents m’ont amené ici de Pologne, en cinquante, une filière pour les familles juives”… ou bien, un italien: “J’ai habité longtamps en Suisse”. Ah, oui, ils sont bien organisés là-bas.  “Oui, mais je n’aimais pas, trop coincés, trop rigides.. alors je suis parti en Angleterre”.  Je demande en plaisantant à une femme portant un blouson “commandos de marines” si  elle va nous porter secours. Elle répond du tac au tac: “we are trained to kill, not to heal”. On est entraînés pour tuer, pas pour soigner. Humour noir. On parle en vrac des horreurs du business, de la finance- “c’est pas sur eux qu’il faudra compter”.  Et ça glisse naturellement vers la profitabilité des désastres, les génocides, les empires colonniaux, et plus loin encore, les folies sanguinaires nées d’idéaux, Staline, Hitler, Pol Pot, Mao…”Harmony of Mass Murders”. Ca remue des choses, les catastrophes.
Et puis on en revient au moyen de se chauffer, de trouver de l’eau.
Ca ne s’arrange pas. Je me fais une tambouille invraissemblable vaille que vaille. Je n’ai déja plus la pêche du début. Mais il faut bien que j’utilise ce qui me reste . On ne sait pas ce qui peut se passer.
Après, je me retire  dans  mon petit cercle de lumière, près du lit, car les bougies arrivent à leur fin. J’écris. Sans blaguer, ça me tiend chaud. Et je met mon casque pour balayer un peu les ondes frénétiques. Rock and Roll  sirupeux ou matraqueur, plutôt de mauvais aloi. Je découvre en passant la station FabOfour, sponsorisée en apparence par Mac Cartney et Ringo Starr (ils ont pas assez de fric ceux-là?). C’est gentil mais ce soir, ça ne le fait pas. Retour à la station hard-core “chaos crucial”. Allons bon , voilà qu’ils passent du blues.   Mais après tout c’est vrai, qu’y-at-il de plus hard-core que le blues?  “went down to see my baby…good god she was lying there dead..so cold, so white…so I slowed down to the barroom”.. réconfortant!  Ben oui, comme le blues.  Je cherche ailleurs. En manipulant délicatement la grossière roulette de balayage, je parviens à isoler une voix qui paraît intéressante: un historien plutôt radical donne une conférence devant des étudiants, un bon public.  Des rires aprobateurs acceuillent ses sarcasmes sur le glorieux progrès industriel, “bâti sur le l’acier, le sang et les tripes  des sans voix”,  où bien l’évocation de ceux qui osent contester, et  qui, dans la propagande du cru, ne sont que  “des barrières sur la route du progrès humain” .  Le “danger imminent”, qui, de Edgar J Hoover à Georges Bush and co, menace en permanence la sructure saine de la société… la diatribe paraît durer des heures. Dommage qu’en Amérique, ce radicalisme intellectuel  soit traditionellement (!) une sorte de ghetto universitaire, au pire un gagne pain comme un autre,  sans grand impact. Bon , il ya eu les conquêtes syndicales. C’est bien loin tout ca.. je change encore. Mais je ne sais pourquoi, le boom boom Rock n’ Roll ne fait que déclencher une vague de tristesse qui m’envahit, comme dehors la montée des eaux. On entrevoit en soi la possibilité du point de rupture, s’il n’y avait pas cette inertie qu’on peut si on veut appeler sagesse. Une manière comme une autre de voir les choses.
Quatrième jour.  Toujours rien. On nous promet l’electricité pour demain.  J’ai réussi à trouver assez d’eau pour me faire une bassine d’eau chaude que je me verse avec délice sur la tête. A part ça, la journée n’est qu’une répetition des précédentes. Je me réfugie toujours plus dans ce journal, et dans ma petite radio, car il commence a faire très froid et je crains l’arrivée de la nuit. Oui, c’est vrai , j’ai un casque sur la tête et une lampe sur le front. Ici je suis un peu aveugle et sourd. J’ai besoin de ces prothèses, car je vois bien à quel point c’est ma tête qui me mène. “il est nécéssaire de voyager, il n’est pas nécéssaire de vivre” , disait la “Rime de l’Ancien Marin”.
Sur le poste, alors, je reviens quand même  sur la station“FabOfour”. Ca passe de “Come together, right now, over me” au “I want to be sedated” (anésthésiez moi) des Ramones, puis les Kinks.  Ce soir j’aime bien, ça m’amuse.  Mon Dieu , ça fait quand même revenir des choses, bien laminées par la Télé ou le Net.  NETV.  Du VENT. La radio, elle permet de rêver, elle nous laisse de l’espace, elle ne nous immobilise pas dans un rêve préfabriqué. J’avais oublié. Comme tout le monde.
Tant que je peux rêver, je resterai plus ou moins en vol. c’est le plus important. Ces moments , ici, ils sont ce qu’ils sont, pardelà les  ténèbres aux bout de ma lampe. Ils ont le précieux mérite d’exister. De vraiment exister.   Ces choses-là sont fragiles, comme les fleurs , les insectes, les oiseaux, les poissons de corail, et même les tigres ou les éléphants…
En tous cas , n’oubliez pas les priorités:
De l’eau, de l’eau, de l’eau, une lampe de mineur , une radio,  à piles, solaires. magnétiques ou à manivelle, au choix; des bougies, et puis du riz, des céréales, des fruits secs et des “nuts”. Pour le reste, à chacun selon ses besoins!